The Seven Heavenly Palaces

Anselm Kiefer
  • Anselm Kiefer The Seven Heavenly Palaces 2004-2015. Courtesy Pirelli HangarBicocca. Photo Agostino Osio
  • Anselm Kiefer The Seven Heavenly Palaces 2004-2015. Courtesy Pirelli HangarBicocca. Photo Agostino Osio
  • Anselm Kiefer The Seven Heavenly Palaces 2004-2015. Courtesy Pirelli HangarBicocca. Photo Agostino Osio

Installation permanente, surface de l'installation 4500 mètres carrés, hauteur entre 14 et 18 mètres, containers solidifiés par du béton. Courtesy Pirelli HangarBicocca. Photo Agostino Osio

 

 

À la fondation Pirelli HangarBicocca à Milan, The Seven Heavenly Palaces d'Anselm Kiefer propose une exploration, la sensation d'être dans un lieu hors du temps. Conçue pour l'ouverture de ce centre d'art, cette installation permanente est composée de sept tours et d'un ensemble de cinq peintures monumentales, réalisées en adéquation avec l’architecture de cette ancienne usine de matériels de transport.

Ce projet a offert à Anselm Kiefer l’opportunité de travailler à l’échelle d’un lieu chargé d’une histoire, à en révéler son passé tout en y proposant d’autres récits. On se souvient de son exposition « Chutes d’étoiles », pour Monumenta au Grand Palais : des maisons où le visiteur découvrait un univers, une atmosphère, un ensemble d’œuvres. Rappelons que l’artiste est un bâtisseur. Son atelier « La Ribaute » à Bajarc lui a d’ailleurs permis la création d’œuvres monumentales, d’architectures, de tours, qui font écho à des ruines, quelques peu fragiles, inquiétantes...

Ici, l’artiste a pris également la mesure de l’espace pour composer une étrange atmosphère, un espace où se promener et prendre le temps de découvrir ce qui se cache à travers chaque construction. On a comme l’impression d’un lieu qui se serait transformé avec le temps.

Chaque tour, superposition de moulages de containers, en tension, à la limite de basculer, s’impose au visiteur comme une possible ruine, traces d’un paysage des mondes anciens. Le visiteur peut y rentrer, son regard est attiré vers des ouvertures, une élévation spirituelle, des pensées, un monde magique.

Au sol, des fragments, chutes d'éléments, comme si ces constructions renfermaient chacune une histoire. Ils suscitent le mystère, le besoin de se souvenir… En effet, pour Anselm Kiefer, le métal symbolise la mélancolie.

Chacune des tours contient en elle une histoire, symbolise des pensées... La première Sefiroth renvoie aux principes de la religion hébraïque. La seconde fait écho à la figure de la Mélancolie, célèbre gravure de Dürer. En continuant le parcours, on découvre Ararat, une autre tour, dont le nom fait référence à une montagne en Asie mineure. Puis, la plus haute et sans doute la plus étonnante par ses matériaux est intitulée Linee di Campo Magnetico. Deux autres, rapprochées, renvoient à la culture hébraïque. Avec la dernière tour, l’artiste évoque à nouveau le thème de l’image manquante.

Les peintures monumentales, à la limite avec la sculpture, réalisées entre 2009 et 2013, qui ponctuent cette traversée amènent le visiteur à une immersion dans un paysage. On y retrouve une extraordinaire richesse de matières, des objets... Anselm Kiefer travaille comme un alchimiste de la peinture. Il affirme « J’ai besoin de la nature, du temps qu’il fait, du chaud, du froid. Quelquefois, je laisse mes toiles sous la pluie. Je n’utilise pas les couleurs industrielles. Le rouge par exemple, ce n’est pas du rouge, c’est de la rouille, de la vraie rouille. Je ne cesse pas d’expérimenter des procédés. »1 Jaipur, paysage nocturne, au ciel étoilé, suggère la tentative de relier l’homme au divin. Ces toiles répondent aux tours, espaces dans lesquels voyager, faire l’expérience de la puissance de ces lieux, de ces paysages, riches en symboles et en histoires.

On retrouve dans cette œuvre, les nombreuses thématiques développées par l’artiste, une interprétation de la religion hébraïque ancienne, la représentation des ruines de la civilisation occidentale suite à la Deuxième Guerre mondiale et les projections dans un avenir possible. Au delà de la force des symboles qu’elle contient, cette installation ouvre vers de multiples histoires, rêveries de mondes enfouis. Elle constitue un ensemble quasi théâtral… On y ressort comme après un voyage dans un pays lointain…

 

Pauline Lisowski

1Conversation entre Philippe Dagen et Anselm Kiefer, in Monumenta 2007, Anselm Kiefer Sternenfall / Chute d’étoiles, Éditions du Regard, Paris, 2007.

 

 

Vu à

Pirelli HangarBicocca

Milan (Italie)

 

Site de l'exposant