Triptyque, 2016, photographies numériques, 100 x 120cm
L’extrême légèreté de la couverture de survie or doublé d’argent, est ici le symbole de la migration, sauve de la noyade, du froid, de la peur, de la disparition. Mais le vent, jouant ses tours, la transforme à son gré en tapis volant, les pliures lui donnant parfois un sens impondérable. L’homme devient animal, bête anté-diluvienne, chimère et s’anime d’un espoir informulé entre l’Océan, le sable, le soleil et le ciel. C’est l’alliance de l’homme nu et de l’immensité, de l’éphémère, de l’ailleurs et de la barbarie...
Anne Garde joue elle aussi, le regard vissé vers l’au-delà, avec ses rêves audacieux de vues d’ensemble et ses créations solaires de cerfs volants dans l’espace. Diamants, arcs-en-ciel, vagues violentes aux franges d’écume d’un blanc attirant et dangereux, sous le ciel limpide, à perte de vue... L’humain en est absent mais la présence des migrants est palpable, visible pour qui sait voir. Anne voit, avec d’improbables outils entre peinture poésie et inventions. Son regard acéré et sans concession, pénètre le large, le désert, les lointains, la lumière et l’angoissante proximité. Elle nous rend le désir de saisir la vie, de la respirer et de la matérialiser avec ses visions lumineuses, navigant librement, fuyant puis lâchant prise.
Mais Anne, au centre même du mythe, défie incertitudes et naufrages, contrôle l’instant décisif et shoote à la fraction de seconde près. L’image sera chaque fois d’une beauté provocante et définitive.
Laure Vernière Paris, 2016
Vu à
le Bel Ordinaire - Billère (France)
Exposition du 07/03 au 28/04/2018
https://belordinaire.agglo-pau.fr
Site de l’artiste
http://www.annegarde.com/aglv/