Les abords de la rue Bordier

Dorian Cohen
  • Les abords de la rue bordier, 2018 © dorian cohen

Les abords de la rue Bordier, huile sur toile, 71 x 93 cm, 2018

 

Un arbre majestueux, au feuillage précis, réaliste, de différentes nuances de verts cache une série d’immeubles. Cet arbre illumine et rend vivant un morceau de quartier, triste, anodin, anonyme. Tout y semble figé et pourtant un possible événement semble advenir.Cette peinture révèle les transformations de l’espace urbain et les manières dont les arbres structurent la ville.

Dorian Cohen a observé la rue Bordier, à proximité de son atelierà Aubervilliers, et tel un ingénieur-urbaniste, il a composé sa peinture par plans successifs, comme s’il construisait une maquette d’un quartier. Elle est marquée par son regard attentif d’ingénieur, par sa compréhension de l’architecture, de l’espace urbain et du paysage. L’espace est cadré, construit ; ce qui met en évidence nos manières de fabriquer des espaces publics. Il dit « Jouer à l’architecte paysagiste à travers la peinture figurative ». 

Que restent-t-il comme arbres à Aubervilliers ? Des éléments qui décorent et redonnent une fraicheur à la ville.

Cette huile sur toile combine une précision quasi photo-réaliste et un travail sur la couleur, expressive. Dorian Cohen a été fortement inspiré par la peinture de Cézanne et par les paysages de la renaissance italienne, particulièrement les paysages sacrés de Nicolas Poussin. Dans une atmosphère entre chien et loup, ce paysage urbain semble être entre réalité et fiction. Si les couleurs, intenses, lui donnent un côté hors du temps, l’artiste a fait le choix de saisir ce moment où le réel peut apparaître sous un autre jour. L’espace est structuré et pourtant une sensation de flottement émane de la toile, un sentiment d’inquiétude, d’une possible apparition. 

Par la peinture, Dorian Cohen met en lumière les « délaissés visuels », ces lieux qu’on ne regarde plus. Il incite à porter à nouveau son attention sur ces espaces du quotidien. L’arbre est y mis en lumière. Central, il suggère une puissance, une magnificence, une résistance face à la stérilité des espaces urbains.

Pauline Lisowski

 

Vu à 

Sous les pavés les arbres
Aubervilliers
du 06 au 08 juillet 2018