L'Enterrement de la Chose

Jean-Jacques Lebel
  • Jean-Jacques Lebel, L'enterrement de la chose, D.R.
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Happening, 1960. Photographies D.R.

L’exposition Jean-Jacques Lebel L'Outrepasseur au Centre Pompidou a révélé une série de photos inédites de l'action intitulée L’enterrement de la chose, qui eut lieu en 1960, et fut labellisée un an plus tard « premier Happening européen » par Allan Kaprow1. A cette époque, le processus underground était en marche depuis longtemps. Jean-Jacques Lebel lui-même rappelle que d’autres événements artistiques de ce format ont eu lieu avant cette date, événements qu’il propose de dénommer « Poésie directe»2 ou « Art-action » pour reprendre la terminologie d’Arnaud Labelle-Rojoux3. L'artiste remonte pour nous aux origines de ce moment historique.

Il ne s’attarde pas sur le déroulement du Happening lui-même. Avançons une hypothèse : cette cérémonie a eu pour point de départ un acte criminel, d’une violence effarante, à laquelle les artistes ont répondu en improvisant un rituel de conjuration et de profanation qui n'est décrit ici que partiellement.. 

 

Nous sommes le 14 juillet 1960 à Venise. Avec Alain Jouffroy j'avais monté une manifestation qui s’appelait L’Anti-Procès dont la deuxième édition a eu lieu pendant la Biennale, à la Galleria dell'Accademia, juste sous le grand pont en bois de l’Accademia au bord du Canal Grande. Il y avait là une soixantaine d’artistes du monde entier, également des poètes et des musiciens entièrement autonomes, en dehors de tout critère esthétique reconnu. C’était une double protestation. A la fois contre la guerre d’Algérie et les guerres coloniales, mais aussi contre la Biennale en tant que manifestation de l’art officiel. Nous manifestions ainsi une opposition à la récupération de l’art par le nationalisme à la Biennale, avec les ridicules pavillons dédiés à des pays. On sait parfaitement que l’art ne peut pas être assigné à une nationalité, sinon il verse dans la propagande. L'Anti-Procès réunissait donc un certain nombre d’artistes qui s'opposaient radicalement à  la guerre coloniale. Car depuis 1954 il y avait ce qu’on appelle la « sale guerre » d’Algérie, avec des exactions épouvantables, des tortures, des viols, des bombardements au napalm de villages entiers, toute l’horreur du colonialisme. 

Et voilà qu’un beau matin, j’ouvre le Gazzettino de Venise et je vois en première page la photo d’une de mes amies intimes : Nina Thoeren. Cette jeune femme de 22 ans était très belle, très connue à Venise où elle vivait avec sa mère. Son père était un scénariste d’Hollywood d’origine autrichienne qu'elle avait rejoint pour faire des études d’anthropologie à l’Université de Los Angeles. Ce fut un choc terrible. J'ai appris qu'elle avait été violée et tuée, étranglée, à Los Angeles. J’étais anéanti. Je ne savais pas quoi faire. 

Etant totalement athée, je ne pouvais pas m’appuyer sur la religion, l’église, mais je voulais faire quelque chose, marquer cette tragédie, hurler ma douleur devant la perte de cette amie très chère. Je me suis souvenu de la visite que nous avions faite à Jean Tinguely, impasse Roussin, avec Jouffroy quelques mois avant. On avait emporté sa sculpture (d'1m20 de long et de 40 cm de profondeur) en l’attachant sur le toit de la Dauphine Renault d’Alain Jouffroy. Tinguely nous avait dit en rigolant « si vous ne la vendez pas jetez-là dans le canal ». J’avais répondu « ce n’est pas notre genre de faire de telles choses ». 

Je m’en suis souvenu rétrospectivement, car évidemment dans ce genre d’exposition totalement poétique et politique nous n’avions rien vendu du tout. La sculpture était donc là. Je suis allé à la poste téléphoner à Jean, je lui ai rappelé ce qu’il m’avait dit, il a confirmé. Je lui ai expliqué que je voulais improviser quelque chose et que, symboliquement, sa sculpture soit associée à ce Happening. Il a tout de suite dit oui, lui-même avait fait des Happening. Alors j’ai monté une cérémonie funéraire à ma façon, sur un rite totalement imaginaire, une sorte d’adieu à cette créature spéciale. Des amis, Frank Amy et son épouse, descendante de doges vénitiens, avaient un bel appartement loué dans le Palazzo Contarini de Corfu, elle et lui connaissaient bien Nina. Dans une très grande salle majestueuse, cérémonielle, donnant sur le canal, on a installé la sculpture horizontalement et non pas verticalement sur une sorte de table à tréteaux, en mettant dessus un somptueux tissu doré de Fortuny. Fortuny était catalan mais vivait à Venise. On a concocté une espèce de cérémonie oecuménique à la fois orientale, occidentale, africaine, mélanésienne, un mélange de tout ce qu’on aime. Mon ami de la Beat Generation Gregory Corso était présent ainsi qu'un autre poète Beat Allan Ansel. Il y avait des historiens de l’art comme Frank Amey, Harold Acton, Herbert Read, bien entendu Peggy Guggenheim, un tas d’artistes, de poètes, en tout une centaine de personnes.

Une des multiples raisons qui nous avaient rendus fous de douleur n'était pas seulement qu'elle avait été violée et tuée mais qu'elle l'avait été par un homme noir qui vendait des bibles de porte en porte. Cela vous donne un commentaire terrifiant sur ce qu'était déjà l'Amérique. L'Amérique qui est devenue encore bien pire. On a eu les détails ensuite parce qu'il y a eu un procès. Nina revenait vers 23 heures de la bibliothèque, elle était presque arrivée chez elle. C'était l'été, il faisait chaud, une voiture l’avait suivie, une voix lui dit « voulez-vous monter ? », elle a refusé poliment. Il a insisté et finit par lui dire : « je vois que vous êtes raciste comme tous les Américains ». Elle ne l'avait même pas regardé. Pour avoir la paix elle a dit : « D’accord, je vais faire 100 mètres avec vous ». C’était son arrêt de mort. Il l’a violée puis étranglée avec ses collants. Ca s'est passé sur une sorte de pelouse d’une résidence de luxe dont les habitants ont entendu ses cris. Ils étaient terrorisés et au lieu de se porter à son secours, ils ont appelé la police qui est arrivée trop tard. 

Manina sa mère a été de bout en bout extraordinaire. Cette artiste d'origine autrichienne, épouse d’Alain Jouffroy, était à Paris et n'a pas participé à la cérémonie. Elle a fait preuve d’un courage admirable quand elle est allée au procès, un an et demi après - Arthur Koestler l’accompagnait. Elle a dit au juge et au jury « je suis contre la peine de mort, tuer cet homme ne me rendra pas ma fille, de toute façon ma vie est détruite, ça ne fera qu’une mort de plus ».  C'était d'un courage! Je ne sais comment vous dire à quel point j'admire cette attitude. En sauvant la vie d’un tel monstre elle a atteint le niveau mythologique de l’héroïsme. Philosophiquement c'est magistral. Cela aussi fait partie de l’histoire de ce Happening. C’est la substance même de l’action.

La cérémonie improvisée était faite d’un rite athée venant d’une autre civilisation. Nous avons lu des textes du Marquis de Sade, de Joris Karl Huysmans et d’autres. Nous les artistes pensons quelquefois que nous appartenons à un autre univers. J’ai employé le mot « Chose » car  je ne savais pas comment l’appeler, je ne voulais pas dire sculpture, cadavre. Ainsi aurait été impliqué un sens précis, unique, il fallait permettre que la polysémie advienne avec un mot neutre, Chose avec un C majuscule comme quelque chose qui vient d'une autre planète. Chaque participant à ce rituel avait son propre récit qui différait du mien, chacun avait sa façon d’appréhender cette tragédie, il n’y avait pas de sens obligatoire, chacun brodait sur cette émotion partagée. Toute œuvre d’art n’a pas un sens mais plusieurs, et prend un sens très différent selon les individus. On peut inférer de cela que toute lecture d’oeuvre d’art est une aventure que chacun lit et vit de façon totalement subjective. C’est vrai pour toutes les activités artistiques. John Cage l’a dit merveilleusement dans un de ses célèbres haïku : « new music = new listening ». 

A un moment donné, d'une façon très solennelle, quatre d’entre nous avons saisi la sculpture placée sur une longue planche, toujours couverte par le tissu, et après avoir descendu un grand escalier, nous l'avons sortie dans la ruelle à côté, à environ 60 mètres du Petit Canal parallèle au Grand Canal. Nous attendaient trois gondoles, prêtées par Peggy Guggenheim, nous avons posé le cadavre symbolique dans l'une d'elles, les invités ont pris place dans les deux autres, d'autres embarcations nous ont suivis. Très lentement nous avons remonté les flots, à la manière des cérémonies funéraires vénitiennes. Moteurs coupés, nous avons navigué sur le Grand Canal pendant environ une demi-heure. A un certain endroit que je ne vous décrirai pas, pas très loin, les gondoles ont fait cercle et nous avons fait glisser la sculpture dans l’eau puis jeté des fleurs blanches. Dans l’exposition actuelle, au Centre Pompidou, on peut voir cinq photographies totalement inédites et magnifiques dont j’ignorais absolument l’existence jusqu'à ce qu'elles me soient révélées il y a un an seulement. Elles ne figurent donc pas dans mon livre paru chez Hazan4. Elles ont été prises par la femme de l’artiste italien Piero Dorazio. Cette artiste américaine avait un Leica, elle a photographié en rafale. On nous voit donc jeter la sculpture dans l'eau à l'endroit précis où la sculpture gît maintenant. 

Fait également très intéressant, et tout à fait dans l'esprit du Happening, une quinzaine d’années plus tard un certain nombre de marchands italiens sont venus me voir. Tinguely était devenu célèbre entre temps, et nous aussi d'une certaine façon. Ils voulaient savoir où nous avions jeté la sculpture en me proposant de la récupérer et de partager le bénéfice sur la vente. Mais si on fait des Happenings c'est pour soustraire l’activité artistique à la logique capitaliste. Je leur ai fait croire que j'étais d'accord et je leur ai donné une fausse adresse. Ils ont dépensé une petite fortune à louer des scaphandres de la marine militaire italienne pour faire des recherches à un endroit où je savais pertinemment qu'elle n'y était pas. Ils ont retrouvé des vieilles voitures, des chaussures, toutes sortes de choses, ça a duré deux mois, ça leur a coûté très cher si bien que, pendant ce temps, le Happening continuait. Ils me disaient « tu t'es trompé », je disais « non non ! ». Et d'une certaine façon l'action continue encore aujourd'hui, car il y a toujours des gens qui fantasment sur cette sculpture. Malheureusement, avec la parution de cette dernière photo, on peut avoir une idée plus précise du lieu de la sépulture de la Chose. Mais plus de 60 ans ont passé maintenant, elle doit être dans un très piteux état, tellement rouillée, quasiment absorbée par les flots, méconnaissable. Ca m’étonnerait beaucoup qu’on puisse la retrouver, la récupérer et la revendre. Et de toute façon la photo ne donne pas une indication très précise. Cet endroit est assez large, pratiquement d'un kilomètre, si on veut la trouver on aura beaucoup de mal. 

Voilà donc la biographie de L'enterrement de la Chose. Cette sculpture, ce Happening repose sur ce destin tragique, cette histoire bouleversante, il a été une énorme leçon. En effet, l’art s'élabore toujours sur un fond de vérité. Mais toute œuvre d'art digne de ce nom n'a pas un seul sens, elle prend un sens totalement différent selon les individus. 

Ce Happening a été le premier reconnu comme tel en Europe car quand j’ai rencontré Allan Kaprow, un an après, je lui ai montré les photos et il m’a dit « c'est un Happening ». En fait, j'en faisais depuis des années ! Mais c'est lui qui l'a baptisé Happening et le mot est resté. 

En fait, il y a des malentendus énormes car il y avait des différences colossales entre ses Happenings, les miens et ceux d'autres. C'est très important. J’admire énormément Kaprow ainsi que les Américains comme Jim Dine, Claes Oldenburg, Carolee Schneemann... Chacun et chacune avait sa façon de faire, et son système de référence, mais ce sont des univers divergents. Techniquement il y a des différences colossales. Je le sais pour avoir collaboré avec Kaprow à plusieurs reprises, aux Etats Unis, à Paris, en Asie, on a beaucoup voyagé ensemble. J’en ai fait aussi avec d'autres à plusieurs reprises. Ils et elles commençaient par écrire une sorte de storyboards, ou de scénarios, de synopsis, de canevas. Puis ils téléphonaient aux amis artistes auxquels ils avaient pensé et ils leur offraient de participer. Généralement ceux-ci disaient oui et ça se faisait. Il s'ensuivait une sorte de mise en scène et de mise en place déterminées par l’auteur du Happening. Ce n’était pas strict comme une sonate de Bach mais quand même il y avait un cadre, même s'il était élastique et que les interprètes avaient, bien sûr, une certaine latitude. 

Nous, on n’avait pas de fil rouge. On avait fichu en l'air tous les rôles. Il n’y avait ni scénariste, ni décorateur, ni acteur et actrice, tout le monde faisait tout. Notre façon de procéder c'est qu'on mettait des petites annonces dans le quotidien Combat. Il y avait beaucoup de réponses, des gens qui n'avaient rien à voir avec les artistes même si certains se rêvaient artistes. Ca déprofessionnalisait les choses, c'est fondamental. On tenait des réunions généralement au premier étage du café de la Mairie, place Saint Sulpice, elles duraient des heures, on faisait des tours de table. Notre rôle consistait en grande partie à construire une première étape de synopsis à partir du désir exprimé par les uns, les unes et les autres, on savait pertinemment que ce canevas était là pour ne pas être respecté. C’était un prétexte en quelque sorte à ce que quelque chose démarre pour faire place à l'accidentel, l’aléatoire. C'était très influencé par la musique de Cage et par Antonin Artaud. Ca crève les yeux. Ce qui nous intéressait n’était pas le prévu mais ce que nous n’avions pas su prévoir. Nous considérions que l’accident était ce qu’il y avait de plus important dans l’action. Il émanait d'une sorte de désir collectif plus ou moins conscient. Des petits malins croyant avoir tout compris ont appelé cela du « socio-drame » ! C'est quelque chose de dadaïste, un accident qui advient au moment où on ne contrôle plus rien et qui vous échappe. C’est ça le plus important.

Alors, il y a toujours la grande question : d’où vient le Happening ? Les Américains tout de suite ont prétendu que c'était américain, ce qui est complètement faux. L'ancêtre le plus plausible c'est la Dada-Messe, la foire Dada de 1920 à Berlin où eut lieu la fameuse course entre la machine à coudre et la machine à écrire de Mehring et Grosz. Kaprow et moi nous étions tombés d’accord là-dessus. Ensuite vint Artaud et ses extraordinaires inventions langagières, puis la musique de Cage lequel a théorisé l’avénement de l’accident comme l’essentiel. Nous avons transposé cela dans le domaine des arts visuels. Donc ça n'avait rien de particulièrement américain, d'ailleurs le groupe Gutaï d'Osaka a pratiqué cela avant Kaprow et moi qui avions chacun commencé en 58. Nous avons employé le mot Happening à partir des années 60. Pour ne pas polémiquer nous avons laissé ce mot traîner, c'était trop compliqué d'expliquer que chacun avait un univers différent des autres. C’est un peu comme quand Van Eyck a peint L’Agneau mystique le premier tableau à l'huile qui est à Gand. C'était les prémisses de la Renaissance mais à l'époque il y avait aussi d’autres artistes qui peignaient à l'huile dont les peintures n'avaient rien à voir avec L'Agneau mystique. Ce n’est jamais une personne unique qui a commencé. Aussi, le mieux est de ne pas chercher à comprendre mais de se mettre à rêver et de vivre l’intensité du moment.

Le mot performance me déplaît car il implique une performance individuelle. De plus l'allusion à la mentalité sportive : gagner, donner le maximum, me répulse ! Le Happening est toujours une action collective. Il n’y a pas de scène, ça peut se passer dans la rue, n’importe où. Pour moi la performance relève plutôt d’un numéro de cabaret à la manière futuriste, dans un format resserré. Pour nous elle s’insérait dans la vie quotidienne. La dimension temporelle est très importante, il y a le temps présent mais il peut s'étirer comme le chewing gum jusqu'à des décennies. J'y tiens beaucoup, la preuve L'Enterrement de la Chose ne s'est pas arrêté le 14 juillet 1960, le Happening continue. Il n’y a pas d’unité de temps, il n'y a ni vainqueur, ni vaincu.

Mon ami Arnaud Labelle-Rojoux a écrit ce livre très intéressant sur l’Art-action5 qui soutient que certains tableaux comme ceux de Kazuo Shiraga, le grand artiste boudhiste japonais qui peignait à l’aide de ses pieds, relèvent de l'Art-action ; de même que les Events Fluxus, et les Happenings. Le terme Art-action pourrait englober tout cela et en même temps il différencie du théâtre. Le Happening n'est pas du spectacle , il met l'accent sur le faire. La première chose qu'on ait faite fut d'enlever les chaises, il n’y avait pas de spectateurs, ils circulaient et entraient dans l’action. Je déplore l’espèce de propension à ramener l'inconnu vers le connu, à rationaliser. Le mieux est d'accepter ce qu'on ne comprend pas et de se laisser aller à rêver et à imaginer d'autres formes de vies humaines, sociales et artistiques. 

Pour terminer, je voudrais relever une chose que je trouve fondamentale. J’étais très proche de Gilles Deleuze et Félix Guattari, des amis intimes qui ne sont plus de ce monde mais qui sont toujours extrêmement présents. Ils ont eu ceci de magnifique, d'important pour l'histoire de la pensée, de théoriser ce qui était advenu avant, pendant et après mai 68, comme événement historique fondamental, qui n'a rien à voir avec la polémique habituelle, la politique, les élections, les syndicats, etc. Ils ont réfléchi à ce qui est advenu dans la société et qui est difficilement lisible et compréhensible au moment où c'est vécu. A cette époque, la vie débordait sur le politique, les mentalités ont été complètement transformées, ça continue d'ailleurs. Gilles Deleuze et Félix Guattari ont fait un commentaire précieux et lucide sur des types d’activités comme le Free jazz, le Happening, et autres formes, et, en empruntant la terminologie des linguistes, ils sont parvenus en trois mots à les caractériser. Ils ont dit ce sont des agencements collectifs d’énonciations. Le sujet qui parle et écrit, agence, met en forme par le vocabulaire, la syntaxe, la grammaire. Il met en œuvre. L'agencement est bien une œuvre d'art, et le mot collectif est central car il n'y a pas un seul auteur, c’est le collectif qui est l’auteur. Ils ont réussi à merveille en trois mots à caractériser ce type d'activité. Comme je vous le disais par rapport aux Happenings que j'ai fait et ce que mes amis ont faits, tel que je le conçois : tout le monde fait tout, il n'y a plus la séparation du théâtre, la vie est au centre, vécue à des niveaux et des intensités différents. L'intensité est fondamentale.

 

Propos recueillis lors d’un entretien réalisé le 20 juin 2018 par Anne-Marie Morice

 

 

1 Allan Kaprow, Assemblages, Environments & Happenings, Harry N. Abrams Inc, 1965

Jean-Jacques Lebel & Arnaud Labelle-Rojoux, Poésie directe, Opus international édition, 1994

Arnaud Labelle-Rojoux, L'Acte pour l'art, Al Dante, 2004

Jean-Jacques Lebel & Androula Michaël, Happenings de Jean-Jacques Lebel ou l’insoumission radicale, Hazan, 2009

op. cit.

 

Vu à

Centre Georges Pompidou

Exposition Jean-Jacques Lebel, L'Outrepasseur

Du 30 mai 2018 au 3 septembre 2018