I Have A Dream

Tania Mouraud
  • I Have a Dream, 2004 ©Tania Mouraud
  • I Have a Dream, 2004 ©Tania Mouraud
  • I Have a Dream, 2004 ©Tania Mouraud

 I have a dream (respectivement en anglais, arabe et chinois), 2004, Impression sur papier, 400x300 cm, collée sur panneau d'affichage.

 

Cette pièce a été produite pour la Biennale Art Grandeur Nature en Seine Saint-Denis en 2004 dont le thème portait sur « l'image publique ». Tania Mouraud était invitée à concevoir son projet pour des formats de panneaux 4x3m -format standard des panneaux publicitaires urbains- installés pour l'occasion dans l'immense verdure suburbaine qu'est le Parc départemental de la Courneuve. Tania Mouraud emprunte au célèbre discours de 1963 du pasteur américain Martin Luther King la phrase « I have a dream » et la traduit en plusieurs langues. La phrase s'affiche en séries de « fresques » dans le parc.

Ce travail s'inscrit dans la continuité des recherches plastiques de l'artiste, menées depuis les années 1970 sur les significations et les valeurs des signes dans notre société. Dans ces affiches comme pour les peintures murales réalisées auparavant, « il s'agit de mesurer une phrase ou un message à la surface d'un mur ou d'un espace(...) » comme l'a écrit Robert Fleck.

La lisibilité du texte transposé est, à plusieurs niveaux, mise à mal, renvoyant à son statut d'image et au « secret de l'écriture ». Les lettres noires s'étirent sur un fond blanc jusqu'à la marge, agrandissent l'espace graphique au détriment de la lecture. Les espacements, les contrastes et les hiérarchies de valeur des caractères s'effacent pour tous les signes, qu'ils soient en anglais, en arabe, en chinois, en français, en hébreu, en hindi ou en russe.

La déformation des lettres jusqu'à la limite de la lisibilité transforme le message en labyrinthes noir et blanc et défie la rapidité imposée aujourd'hui par les médias, renvoyant le spectateur à l'action en cours, au présent de son expérience de la perception. Plus spécialement, ces messages formulent une nouvelle incantation à la paix.

Tania Mouraud aime « contaminer » l'espace urbain d'écritures, de langages qui deviennent des images-textes. Le plus souvent sous forme de wall drawing, et en 2004 sous ces formats 4x3m qui lui ont permis de traduire la célèbre phrase en 7 langues et de créer les typographies idoines. Ces compositions seront présentées ensuite dans de nombreuses expositions et rétrospectives faites autour de cette grande artiste qui n'a cessé depuis les années 1970 de déterritorialiser et reterritorialiser l'art et sa pratique.

 

Morten Salling

 

Vu à

Biennale Art Grandeur Nature 2004

Parc départemental de la Courneuve

Seine-Saint-Denis