Salade, tomates, oeufs...

Sébastien Gouju
  • Salade, tomates, oeufs, champignon©Sebastien Gouju

Salade, tomates, oeufs, champignon, 2018, faïence et grès émaillés, 72 x 38 x 34 cm, courtesy Semiose galerie, Paris 

 

Sébastien Gouju s’intéresse à la représentation de la nature dans l’habitat et développe un travail qui convoque notre relation à la sculpture et aux objets. Il redonne la place à l’ornement, au décoratif dans une société où les nouvelles technologies démultiplient les images. Ses œuvres sont nourries de références notamment les arts baroques au XVIIIe siècle dans lesquels se retrouve une même abondance de motifs végétaux.

Salade, tomates, oeufs, champignons présente une protubérance d’éléments, un trop plein d’aliments qui pourrait déborder. Ce repas sculpté posé dans un pot tient à la fois du réalisme dans sa fabrication et du kitsch. Cette pièce convoque l’opulence des repas, le goût pour l’assemblage et le plaisir de décorer ses plats, « petits gestes innocents ».

Cette œuvre ouvre vers l’idée du jardin comme paradis perdu, fiction que l’on se crée tout en contrôlant le vivant, hors-sol. Cette composition rappelle les collections d’objets qu’on choisit et auxquels on accorde une attention particulière. Le quotidien devient sublimé par cet art de la table, comme si tout un chacun pouvait créer une exposition chez lui. Grand Art et tradition populaire se rejoignent au travers de cette sculpture.

Sébastien Gouju bouscule les hiérarchies esthétiques, replace l’importance du geste (et de la main) de l’artiste. Ainsi, il donne un supplément d’âme à la céramique. Ses sculptures sont à la fois teintées d’humour et ont un aspect quelque peu dérangeant. Elles suggèrent une générosité, une audace et une remise à l’honneur du motif de la nature morte, genre mineur. 

Ses œuvres, « pièces à vivres », interrogent à la fois la place du socle dans la sculpture contemporaine et la sacralisation de l’objet. Elles font écho aux arts de la table. L’artiste pense ses créations dans le quotidien des personnes. Pour lui, « le milieu naturel pour (s)es pièces serait l’habitat ». Il invite à regarder autrement les arts et traditions  et le plaisir de la collection. Ses créations font surgir tout autant les récits personnels et la grande Histoire.

 

Pauline Lisowski

 

Vu à 

Sous les pavés les arbres (Aubervilliers, 2018)

Galerie Sémiose (Paris)