INSIDE the museum

Christian Globensky
  • Ludwig museum (the window), Budapest, 2016©Christian Globensky
  • Fondation Louis Vuitton (the green wall), Paris, 2016.

Tirages photographiques (40x50cm), Ludwig museum (the window), Budapest, 2016 et Fondation Louis Vuitton (the green wall), Paris, 2016.

 

En ce début de XXIe siècle, les infrastructures culturelles sont devenues à ce point prééminentes qu’elles constituent le principal levier de la création artistique. Dans ce contexte, la raison d’être de l’art est de justifier l’existence des institutions qui s’en réclament, de même que le rôle d’un artiste est d’assurer une position à ceux qui en dépendent. Comme les étoiles mortes qui brillent au firmament durant des millions d’années, la part la plus visible de l’art contemporain consiste en des effets de rayonnement.

Ce sont ces effets que captent les photographies de Christian Globensky. L’architecture sophistiquée des galeries et des musées, leurs subtils jeux d’éclairage, le design chic des mobiliers d’exposition s’imposent à l’oeil du photographe comme les ultimes refuges de l’expérience esthétique. De simples cordons de sécurité peuvent ainsi dialoguer avec les monuments de l’histoire de la sculpture, à moins qu’ils n’en soient les plus vivantes incarnations. La fragmentation des motifs, aux confins de l’abstraction, souligne l’ordre, la quiétude, l’autorité qui sied aux sérieux des cultes séculiers. Par le génie de la plastique muséale, un bâtiment saisi à travers une fenêtre semble tout droit surgi d’un tableau impressionniste. Même la signalétique la plus fonctionnelle paraît soudain concurrencer les canons de la figuration picturale. Les lieux d’exposition s’exposent en reléguant les oeuvres aux rang de simples prétextes. Le public attroupé autour de peintures surnuméraires, un conférencier, des étudiants au travail témoignent de la vitalité de ces théâtres du prestige. Tel apparaît le monde de l’art quand son centre de gravité s’est déplacé des oeuvres aux conditions de leur mise en scène. 

 L’art après la fin de l’art? Un art qui réfléchit les conditions de sa disparition dans le spectacle de la culture.

Laurent Buffet

 

 

Vu à 

Librairie Volume, Paris, du 10 mai au 3 juin 2017